INTERSIGNES

 ////  Théâtre - Danse - écritures contemporaines  \\\\

Maude et Philippe Bulinge

Antigone, 13 novembre

une pièce de Philippe Bulinge

 

Création du spectacle en novembre 2019

Paris, 13 novembre 2015. Un homme et une femme, mariés, deux enfants, rentrent dans leur appartement parisien après avoir assisté à une représentation de l’Antigone d’Anouilh...

Pour sa création 2019, la Compagnie Intersignes a fait appel à Jean-Marc Avocat pour interpréter un Créon post-13 novembre.

La pièce Antigone, 13 novembre fait se rencontrer plusieurs lieux et époques différentes qui finissent par se confondre : - le Paris de 2015 qui se résume à l’appartement d’Elle et de Lui, que l’on devine comme un espace où le couple s’enferme pour laisser le monde à sa porte, mais qui ne parvient pas à faire taire les sirènes et les bruits de la rue, - et la Thèbes lointaine et fantasmée d’Antigone et de Créon où les rois semblent encore contrôler les événements parce qu’ils collent des interdits sur les murs... Une Thèbes où les rôles paraissent clairement définis dans laquelle les Parisiens contemporains vont s’engouffrer pour comprendre leur rôle dans ce monde du 13 novembre qui est sur le point de basculer dans la guerre civile : suis-je Antigone, Créon ou le garde ?Une pièce de Philippe Bulinge

Mise en scène : Philippe Bulinge assisté de Maude Bulinge

avec : Jean-Marc Avocat, Charlotte Michelin, Victor Bratovic, Vincent Arnaud, Charlotte Piéchon et Caroline Baguet

Un spectacle créé en résidence à l’Auditorium de Chaponost, au Centre Brenot de Grigny  et à l’Espace 44. Soutien de la SPEDIDAM.

 

Elle : C’était l’Antigone potentielle qui était importante. Quand je voyais le monde s’enlaidir, - je ne te parle pas d'un paradis perdu, mais de toutes mes déceptions, de tous mes désenchantements qui s’imprimaient sur mon monde chaque jour davantage en un amas de vieilles tapisseries que je ne prends même plus la peine d’arracher - je fermais mon poing contre ma cuisse et je me disais que je le dresserais un jour, ce poing ! d’abord haut en l’air puis fort ensuite dans la figure de celui qui opprime et qui crache ! Cela m’aidait à attendre qu’elle arrive, mon Antigone. Entre deux salades à rincer, les devoirs des petites et le dossier que je ne rends jamais à temps.

Pour sa prochaine création, la Compagnie Intersignes fait appel à Jean-Marc Avocat pour interpréter un Créon post-13 novembre.

Jean-Marc Avocat triomphe actuellement dans Mon Traître d'Emmanuel Meirieu, adaptation de deux romans de Sorj Chalandon, créée au Théâtre Vidy-Lausanne et repris au Rond Point et aux Bouffes du Nord,

Il n’aime que les défis, les marges, le surpassement de soi, et avant tout : Racine. Il se lance d’ailleurs le défi de jouer à lui tout seul l’intégralité d’Andromaque, Bérénice et Phèdre. Au théâtre, il travaille sous la direction de Claudia Stavisky, Hans Peter Cloos, Alain Françon, Jacques Weber, Matthias Langhoff, Patrice Chéreau...

« Jean-Marc Avocat, fascinant. » Le Figaro.

L’autre homme : Ismène a fermé les portes derrière elle. Ses pas feutrés se sont évanouis dans l’air humide du matin. Au loin, Thèbes, la blanche, l’éclatante, se pare de blanc et de lumière. Les gardes descendent la colline, se disputent bruyamment parce qu’un peu de terre s’est retrouvée sur le corps. Le petit jeune qui débutait son service, et qui était le plus près de la charogne, a un œil au beurre noir. Il traîne, à l’arrière. Sur une terrasse ouverte au vent, je ne dors pas, je veille. Comme un bon chien de garde des familles. Je note, je contrôle. J’ai laissé le soir et les vies de la nuit aux autres.

La pièce ne se donne pas pour objectif de débattre de l’islam, du terrorisme ou des grands conflits du Moyen-Orient et de leurs ramifications en Occident.

Elle raconte, à travers le prisme d’un couple ordinaire mais concerné par la course du monde, les bouleversements psychologiques provoqués par ce réveil brutal que l’on nomme la fin de la fin de l’histoire.

Elle invoque le mythe d’Antigone pour interroger l’engagement personnel et ses rapports à la cité.

La pièce Antigone, 13 novembre, fait ainsi se rencontrer plusieurs lieux et époques différentes qui finissent par se confondre : le Paris de 2015 au soir des attentats du 13 novembre 2015, qui se résume à l’appartement d’Elle et de Lui, que l’on devine comme un espace où le couple s’enferme pour laisser le monde à sa porte, mais qui ne parvient pas à faire taire les sirènes et les bruits de la rue, et la Thèbes lointaine et fantasmée d’Antigone et de Créon où les rois semblent encore contrôler les événements parce qu’ils collent des interdits sur les murs... Une Thèbes où les rôles paraissent clairement définis, une Thèbes dans laquelle les Parisiens contemporains vont s’engouffrer pour comprendre leur rôle dans ce monde du 13 novembre qui est sur le point de basculer dans la guerre civile : suis-je Antigone, Créon ou le garde ?

La loge du Chœur d’Anouilh sert alors d’intermédiaire entre les deux mondes : métaphore du théâtre qui est à la fois ouvert sur le monde et un espace clos dans lequel on s’enferme pour ne pas être ce que l’on est vraiment et où l’on se raconte des histoires.

Elle est Antigone mais une Antigone plus vieille, qui a vieilli parce qu’elle a vécu dans un monde de paix et qui se trouve, au moment où la violence naît dans son univers et frappe à sa porte, incapable de briser les liens avec les êtres qui l’environnent et qui sont son histoire - son époux et ses enfants – et incapable de trouver de l’énergie dans l’engagement car les idéaux sont morts.

Lui est cet homme qui sait que le monde du 13 novembre se réduit à un affrontement entre les loups et les chiens, et que le dernier engagement possible, c’est la violence. Car comme dit Créon, « tout se vaut », et tout se résume à cette question : comment je fais pour que la folie du monde reste à ma porte ?

 

La loge du Chœur d’Anouilh sert alors d’intermédiaire entre les deux mondes : métaphore du théâtre qui est à la fois ouvert sur le monde et un espace clos dans lequel on s’enferme pour ne pas être ce que l’on est vraiment et où l’on se raconte des histoires. Il faut donc réduire l’espace scénique à la boîte noire : quatre murs où l’on s’enferme et où l’on peut tout dire, tout être.

Quatre murs qui seront éternellement Thèbes ou Paris parce qu’ils sont le théâtre sans artifice ni escroquerie.

De la même manière, des costumes atemporels. Quelques objets à peine : une lance, deux tabourets, une petite table. Juste des mots et des corps qui les incarnent.

Sur scène donc un plateau vide et deux panneaux noirs dont la manipulation transforme sans cesse l’espace de la boîte noire : murs sur lequels on s’appuie, murs qui enferment, murs qui permettent de s’enfuir parce qu’ils font apparaître une sortie. Murs sur lesquels les personnages écrivent au fur et à mesure que la tragédie se met en place et s’enclenche inéluctablement.

 

Compagnie Intersignes

Maude et Philippe Bulinge

6 allée Joseph Hours 69360 Sérézin-du-Rhône

06.35.43.10.66

Licences : 2-1063966 / 3-1063965

Avec le soutien depuis 2013

production[at]compagnie-intersignes.com

Avec le soutien depuis 2016